in Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée, Editions Bruno Doucey, Anthologie Sète 2015

Poème d’Adrian Grima, traduit par Elizabeth Grech

L’héritage du père

Playing with my grandchildren
makes me forget the troubles of the world.

Nelson Mandela

Que laisse-t-il derrière lui, le père
son amertume vive sous les bras ?
Quelles absences confirme-t-il ?

A la clinique,
la lumière consigne les ombres
série de voiles difformes
sous une chemise immaculée
raie parfaite.
Avec sa carte sénior,
que laisse-t-il à ses enfants,
et aux enfants de ses enfants?

L’écho d’un sourire, peut-être,
l’humilité luttant pour un souffle;
une étreinte à l’aéroport,
une frêle clameur après une insulte,
une question timide au lieu d’une réponse.

Il laisse peut-être un doute,
une confusion trouble,
un effroi dans le noir.

Il laisse peut-être un parfum lancinant
après-rasage,
lame mot,
calme tranchant,
silence emprisonné,
libre réclusion,
poitrine bien ouverte
cœur qui pompe le sang
qui gicle et souille
la mémoire.
Mémoire morcelée.

Que laisse-t-il derrière lui, le père
Avec la nudité?
Avec l’échec?
L’insuffisance?

Mandela, que laissons-nous derrière nous?